06/09/2008 – 05/2009 / Hôpital Sébastopol

HôpitalJ’étais dans une chambre à deux lits. Un monsieur de 60 ans était avec moi. Il est parti au bout d’une semaine. Il y avait une fenêtre à droite et moi, j’étais à gauche, près de la porte.

Ma sœur Marie-France, papa et mes neveux, Guerrand et Annaël sont venus me rendre visite. Je ne pouvais pas parler. Ma sœur m’a apporté une ardoise blanche, mais je ne pouvais pas écrire. J’étais conscient mais rien ne sortait ! Je ne pouvais pas lui demander de m’apporter des mouchoirs donc je n’en ai pas eu pendant toute l’hospitalisation !

Christophe, Sébastien et X, l’adjoint de  Jean-Bernard, des collègues, sont venus me voir. Je cherchais qui ils étaient mais c’était flou ! Ils essayaient d’entrer en contact avec moi. Je ne répondais rien. Mais, des années plus tard, quand j’ai voulu les contacter par Facebook, ils m’ont bloqué.

Le lendemain, Thierry DyT est venu à son tour. J’étais couché dans mon lit. Sa tête me disait quelque chose ! Il me parlait mais je ne pouvais pas répondre ! Je lui avais téléphoné au début de mon AVC. Je lui avais dit que je ne sentais plus ma main droite. Mais, ni lui ni moi, nous ne savions que c’était un signe d’AVC !

Philippe mon supérieur, est venu me voir un midi. J’étais dans la salle à manger avec les autres patients. Il n’était pas à l’aise à cause de mon aphasie ! Longtemps après, je l’ai revu dans les bureaux du D.U. (ex C.R.I.). J’étais venu voir Laurent S.  pour qu’il répare mon ordinateur. Philippe s’était renseigné sur mon A.V.C. Il avait compris mon problème de langage et s’est montré plus sympa !

J’ai reçu une carte de Marie-Chris en Belgique. C’est une femme que j’avais rencontrée sur internet (Prizee.com), en discutant sur le forum. Avec elle et quelques autres, nous avions  créé un groupe sur prizee. Je n’ai pas pu lire la carte ! Marie-France, ma sœur, me l’a lue, mais je n’ai pas compris !

Deux infirmières m’ont rasé la barbe dans le lit. Mais, elles ont coupé une patte plus longue que l’autre ! Je suis resté deux semaines comme ça ! Je me sentais ridicule !

Les jeudis matins, c’était la grande visite : les médecins passaient en groupe dans les chambres. Je devais leur montrer mes progrès !

Au bout de quelques temps, les brancardiers n’étaient plus obligés de m’emmener en rééducation. J’y allais tout seul, en faisant avancer d’une main mon fauteuil roulant !

J’étais obligé de porter des protections (couches) car je ne contrôlais pas mes sphincters : je ne pouvais plus retenir ni l’urine, ni les selles ! Cette galère a duré plusieurs mois !

Un jour, j’ai voulu prendre l’ascenseur avec mon fauteuil roulant. Mais je ne savais plus comment faire ! Les portes se sont refermées et la lumière s’est éteinte. Je suis resté cinq minutes dans le noir, jusqu’à ce que quelqu’un appuie sur le bouton extérieur ! La lumière s’est rallumée : j’étais sauvé !

J’avais envie de fumer. J’étais très tendu et j’avais besoin de cigarettes pour me calmer ! Marie-France refusait de m’en acheter.
J’essayais de demander aux infirmières. Un jour enfin, l’une d’elles a compris et m’a apporté un paquet de 25 cigarettes. Comme je ne savais plus compter, elle s’est servie dans mon porte-monnaie. Elle a pris carrément 10 € !

Je tenais toujours mon bras paralysé la paume vers le haut. Après 3 semaines, le docteur m’a dit de la tourner dans l’autre sens !

Au bout de deux mois, je suis passé en chambre individuelle ! Enfin, j’étais tranquille !

Un jour, j’ai pu dire : oui ou non au lieu de hocher la tête.

Le mercredi, deux collègues féminines venaient me voir : Sophie et Nathalie. Nous allions dehors et je fumais une cigarette. Elles me parlaient du travail et je répondais oui ou non !

Jean Bernard J., mon chef, est passé me voir plusieurs fois vers 13h.

Tous les jours, j’avais des séances de kiné, d’orthophonie et d’ergothérapie. J’avais deux kinés différents : un le matin (Activités Physiques Adaptées), et un l’après midi. J’étais stimulé par celui de l’après midi, qui me faisait beaucoup travailler ! Quand j’ai réussi à tenir sur mes jambes, on m’a changé de kiné. Le nouveau était moins bien ! Je descendais au plateau technique en fauteuil roulant, puis j’allais jusqu’à la salle de kiné en marchant avec une canne tripode. Le couloir me semblait interminable ! Mais, peu à peu, c’est devenu plus facile !

J’ai voulu sortir fumer avec la canne tripode. Mais, j’étais trop lent, alors les portes automatiques se sont refermées sur moi ! J’ai failli perdre l’équilibre. Je suis repassé au fauteuil !

Les deux derniers mois,  les ergothérapeutes me faisaient jouer au mah-jong sur l’ordinateur. Ça m’a permis de travailler le calcul, la logique et la stratégie, mais aussi de ré-apprendre à utiliser l’ordinateur !
A la fin, un ergothérapeute m’a fait passer un test sur mon autonomie dans les actes de la vie quotidienne. Ainsi, j’ai pu obtenir des aides à domicile pour la toilette, la préparation des repas et le ménage !

Au début, j’avais 4 séances d’orthophonie par semaine, puis je suis passé à 3 ! Un jour, l’orthophoniste m’a demandé de remettre des images dans l’ordre pour faire une histoire. Je n’y arrivais pas du tout ! Plus tard, j’ai réussi à le faire !
Peu à peu, je comprenais de mieux  en mieux ce qu’on me disait ! J’utilisais des gestes pour communiquer. Je prononçais seulement trois mots : « oui », « non » et « eh » pour appeler !

Un jour, j’ai changé de chambre et je me suis retrouvé avec un homme. J’étais côté fenêtre.

Enfin, après des mois, j’ai pu passer un dimanche chez moi ! J’étais soulagé ! Après deux ou trois sorties à la journée, je rentrais tous les week-ends !

En mai, c’était fini ! Je rentrais chez moi définitivement !

20/11/2020


L’AVC

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