Chapitre 1

Ce que les Anges ont de commun avec les Elfes

IntroductionChapitre 2
L

a décélération est toujours un moment critique. Imaginez que vous êtes lancés à une vitesse hallucinante et que vous devez freiner en quelques secondes. A l’échelle de l’espace, les dimensions sont incroyablement plus importantes, mais lorsque vous sortez d’un trou noir à la vitesse de la lumière pour retrouver les étoiles et gagner un point précis, c’est tout à fait comparable.

Le contrat indiquait R371 : Ioaso, système à étoile de classe rouge situé assez loin des routes commerciales et des conflits entre la Fédération et l’Empire, 7 planètes mortes de peu d’intérêt, deux champs d’astéroïdes, le premier situé entre la troisième et la quatrième planète, l’autre en bordure du système.

Une fois la décélération entamée, les moteurs latéraux entraînent le dérapage qui me conduira dans le premier champ en un long glissement, en utilisant l’attraction naturelle de tous les objets stellaires du coin, les rétro-moteurs, la gravité inversée et tout le toutim. Dans mon caisson, il me reste encore deux heures à patienter avant de pouvoir sortir. J’en profite pour analyser le système et pointer les antennes du vaisseau là où je dois aller. Un seul objet est en vue ou détectable, sûrement l’objectif de la mission. Je ne saurai ce que c’est et ce que je dois en faire qu’une fois l’objectif atteint.

Je ne vous ai pas encore parlé de mon vaisseau. C’est un véhicule modulaire composé de trois éléments. La coque est noire, d’un noir profond, aucune inscription nulle part ne donne d’information, si ce n’est son immatriculation. L’ensemble réuni mesure plus de 300 mètres. A la base un gros cargo un peu en forme de triangle, et son moteur à trou noir pour voyager entre l’espace et le temps à l’arrière. Une capacité très grande de stockage, ce qui m’a permis de remplir toutes sortes de missions. Tout un tas de robots aux divers usages. A la pointe du triangle s’emboîte un petit transporteur, et sur la face supérieure du cargo est accroché le chasseur. Je ne dis pas un chasseur, mais le chasseur. Comme pour le reste du vaisseau, il a subit tellement de modifications depuis que j’en suis propriétaire qu’il est tout à fait unique et particulier. Il m’a déjà sorti de tout un tas de situations à la con. Je passerai sur les détails, on verra plus tard, mais tout cela est le fruit de ma coopération avec les pirates, et la Fédération a laissé faire. Je travaille pour eux aussi, alors…

Bref, le cockpit central se trouve dans le transporteur, ce qui permet en cas de pépin de mettre les voiles en catimini. Le mini moteur à trou noir qui l’équipe est capable de me faire parcourir une bonne dizaine d’années lumières, c’est pas très loin je vous l’accorde, mais c’est peut-être suffisant pour se sortir de la merde. Il ne m’est jamais arrivé de devoir m’en servir de cette manière, et quand j’en ai l’occasion je remercie notre ancien Dieu pour cela.

J’achève de positionner le vaisseau à une dizaine de kilomètres de la cible. Les capteurs ne révèlent rien d’autre qu’un petit cargo transporteur, un freighter, auquel est accolé un container de type classique stationné près d’un gros astéroïde. Lui non plus ne possède aucune inscription, même aucun numéro d’immatriculation, et mon scanner ne me révèle rien de ce qu’il peut contenir.

J’enclenche donc ma balise d’identification. Les feux de localisation verts et rouges du transporteur se mettent à clignoter, puis le container est simplement largué, deux petits propulseurs du freighter lui intiment une légère poussée, et il s’écarte de son porteur lentement, en dessous.

Pas d’analyse plus précise, il ne doit y avoir rien de particulier à l’intérieur, ou alors celui-ci est bien protégé. De toute façon, c’est mon contrat. Alors j’envoie deux robots pour le récupérer et me le ramener en un peu moins d’une demi-heure.

Une fois le container chargé dans mon vaisseau, le petit transporteur au loin explose ; C’est la méthode classique. Dix kilomètres suffisent pour me protéger de cette explosion ; C’est la démarche habituelle dans mon métier.

Après d’autres analyses de quelques minutes, je rétablis la pression du hangar et j’entre accompagné de deux robots. On ne sait jamais… Le container ne révèle toujours rien de ce qu’il contient, sauf en face avant où le système d’ouverture est scellé, ouvrable seulement par apposition de ma main sur la plaque sensitive prévue à cet effet. Toujours rien d’extraordinaire dans ce genre de mission.

Je positionne les deux robots armés derrière moi (bien qu’ils ne feraient pas de mal à un être humain), puis j’applique ma main là où il faut. Un bruit se fait entendre à l’intérieur du container, puis l’ouverture se déverrouille. C’est une porte à deux battants. J’ouvre lentement. Un souffle de fraîcheur se dégage de l’intérieur, et je découvre cinq caissons d’hibernation. A première vue ils sont occupés et en bon état de marche. J’ordonne à deux autres robots de les sortir et de les aligner devant moi avec toutes les précautions qui s’imposent, et je me retrouve comme un con à ne pas savoir ce que je dois en faire, ce qu’ils contiennent, qui ils contiennent. La surprise est pour plus tard…

Mais j’ai pas trop le temps de me poser de questions. L’alarme de sortie de saut hyperespace se déclenche et tout de suite après celle d’intentions hostiles me vrille le crâne. J’ai de la visite, et c’est pas des gentils ! Je sens déjà ma respiration décliner. J’ai horreur de ces moments.

IntroductionChapitre 2

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